L’état émotionnel des parents perfectionnistes

L'état émotionnel des parents perfectionnistes

Cet article est la retranscription de l’épisode 5 du Podcast « Parfaitement imparfaits ».

Connaissez-vous des enfants trop bruyants, impolis, qui ne mangent pas proprement, qui courent partout, qui ont des mauvaises notes… bref, qui ne rentrent pas dans le modèle de l’enfant parfait, c’est-à-dire sage et performant ?

Souvent, lorsqu’un enfant adopte ce genre de comportements dérangeants pour la société, il y a toujours un adulte, le parent de l’enfant lui-même ou une personne assistant à la scène, qui va immédiatement remettre en question l’éducation que le dit-enfant a recu. Et dans la plupart des cas, le parent va ressentir à la fois honte et culpabilité et va vouloir immédiatement mettre fin au comportement de l’enfant, soit en montrant son autorité soit en mettant son enfant à l’écart. Cette situation habituelle peut être à l’origine de ce qu’on appelle le perfectionnisme parental.

Qu'est-ce que le perfectionnisme parental ?

Le perfectionnisme parental est le fait d’essayer être un parent parfait et de s’inquiéter à l’idée de ne pas y arriver. Comme tous perfectionnistes, les parents perfectionnistes se caractérisent par leurs objectifs très élevés et leur peur de l’échec.  

En tant que parents, nous avons tous naturellement envie de protéger nos enfants et de les voir heureux. Pour leur offrir ce meilleur avenir possible, les parents perfectionnistes peuvent développer deux types de croyances et de comportements basés sur des objectifs de performance et de reconnaissance : d’une part, un perfectionnisme tourné vers eux-mêmes ; d’autre part, un perfectionnisme tourné vers leur enfant.

Dans le premier cas, les parents perfectionnistes refusent d’échouer dans l’idée qu’ils se font du rôle de parents, ils réfutent l’idée d’être un jour un parent jugé médiocre par leur famille, leurs amis, l’école, les autres parents, la société en général. Ils veulent, par exemple, être toujours au top, de bonne humeur en présence de leurs enfants, faire les meilleures activités, créer des anniversaires de rêve avec les meilleurs gâteaux, la plus belle décoration, etc. La plupart du temps, ils sont tellement occupés à faire semblant d’être la meilleure version d’eux-mêmes, qu’ils ne profitent pas réellement des moments avec leurs enfants car, ils restent notamment dans le contrôle et dans l’inquiétude d’un imprévu qu’il leur faudrait pouvoir continuer de maîtriser.

Dans le deuxième cas, les parents perfectionnistes reportent leur perfectionnisme sur leur enfant. Ils veulent absolument que leur enfant soit le plus heureux, le plus sociable, le premier à l’école, etc. selon les domaines qu’ils auront jugés importants, nous y reviendrons dans l’épisode 6.

Qu'est-ce que le perfectionnisme parental ?

Si on revient donc au cas des parents perfectionnistes tournés vers eux-mêmes, on s’aperçoit qu’au moindre comportement de leur enfant, ils vont se remettre en question, se demander ce qu’ils ont mal fait dans leur éducation, ou ils se sont trompés, comment cela va affecter leur enfant…  

La plupart des parents ambitionnent d’être les parents qu’ils n’ont pas eus ou les parents qu’ils auraient voulu avoir… Certains ont eus une enfance difficile, des parents absents, violents, divorcés. Ils craignent que leur propre enfant ne se développe pas comme ils le souhaiteraient, manquent d’amour ou de soutien. Nombre d’entre eux pratiquent une parentalité bienveillante et s’interdisent de faire la moindre erreur ou de crier après une longue journée.

Cela a été mon cas. J’ai lu une centaine de livres sur la parentalité. J’ai disposé de connaissances détaillées en matière d’éducation et de développement de l’enfant. Et lorsque je suis devenue mère au foyer à Taïwan le temps de réfléchir à ma nouvelle activité professionnelle, je culpabilisais en permanence de ne pas en faire suffisamment dans la journée. Pendant plusieurs mois, j’ai notamment proposé tous les jours à mon fils de nouvelles activités Montessori qui me prenait un temps fou à préparer. Et le soir, quand mon mari rentrait je laissais éclater ma frustration. A force de vouloir tout maîtriser, de ne pas me reposer, d’avoir l’impression de déployer des efforts surhumains pour essayer d’être une mère parfaite, la seule chose que j’ai parfaitement réussi à faire a été de surstimuler mon fils et de déclarer un burnout parental.

Perfectionnisme et risque de burnout parental

C’est pourquoi j’en profite pour vous partager quelques signes importants du burnout parental :  penser être un mauvais parent, se trouver incompétent ou insuffisamment présent pour se enfants, ne pas être le parent qu’on aurai voulu, imaginé ou attendu, ne pas se reconnaître en tant que parent, se sentir dépassé et/ou épuisé dans son rôle de parent, renoncer à ses ambitions parentales, se distancier émotionnellement de ses enfants.

Un exercice important que je vous invite à réaliser si vous vous reconnaissez dans certains de ces signes ou que vous reconnaissez quelqu’un avec, est :

  • de vous poser et de réfléchir à la dernière fois que vous avez pris du temps pour vous,
  • de vous demander sur qui vous pouvez compter pour faire un break,
  • de lister tout ce que vous vous imposez de faire dans la semaine et d’enlever le superflu.

Pas besoin d’être mère ou père au foyer pour développer un perfectionnisme parental et frôler le burnout, tous les parents peuvent être concernés un jour ou l’autre. De plus en plus de parents, qui n’étaient pas spécialement perfectionnistes dans les autres sphères de leur vie le deviennent. Nous sommes de plus en plus nombreux, femmes et hommes, à nous mettre une pression impossible à tenir, pour être à la fois des parents très présents pour nos enfants et des professionnels ambitieux et investis.

Faites-vous partie de ces parents qui essayent de mener de front et à tout prix carrière professionnelle et vie de famille parfaites ? Et si oui, comment le vivez-vous ?

Dans son livre ‘’Le syndrome du wonderparent’’, Anne Peyrimat nous explique qu’en raison des injonctions sociétales à être en permanence de « bons parents », les parents se sentent contraints à élever leurs enfants comme s’ils n’avaient pas de travail et finissent par craquer.

En ateliers de coaching, j’ai régulièrement accompagné des parents avec ce profil. Je me rappelle

· d’une maman qui s’était autoflagellée pendant plusieurs jours car elle avait oublié d’apporter le goûter de son enfant,

· d’une autre qui était arrivée 5mn en retard à la crèche à cause d’une réunion professionnelle qui s’était prolongée,

· d’un papa qui n’avait pas offert les vacances qu’il avait imaginé à sa fille, qui ne les trouvait pas suffisamment mémorables en termes d’activité et d’invités.

Dans toutes ces situations, le jugement extérieur du personnel de l’école et des autres parents à leur égard était insoutenable. Ils ne pouvaient s’autoriser à commettre d’autres fautes impardonnables comme celles-ci. Et ils n’appréciaient même plus les moments agréables en famille ou les moments clés du développement de leur enfant

L’état émotionnel des parents perfectionnistes, et de tous les parents tout court, n’est vraiment pas à prendre à la légère, en ce qu’il impacte non seulement les parents eux-mêmes qui le subissent mais aussi par ricochet toute leur famille, conjoint et enfant. N’hésitez pas à observer vos émotions et celles des personnes que vous aimez.

Conclusion

Pour résumer cet épisode, premièrement, tout comme il n’existe pas d’enfant parfait, il n’existe pas de parent parfait, quoique la société veuille nous faire croire. Deuxièmement, les enfants ont surtout besoin de parents présents et aimants. Enfin, attention si vous êtes un parent perfectionniste ou si vous en côtoyez, à ce que le perfectionnisme parental ne se transforme pas en burnout parental.

Dans le prochain épisode, je vous propose de réfléchir à comment rendre nos enfants perfectionnistes. Il s’agit évidemment d’un titre volontairement ironique.

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