A quoi reconnaît-on les personnes perfectionnistes ?
Cet article est la retranscription de l’épisode 4 du Podcast « Parfaitement imparfaits ».
Mise en situation
Léonard est directeur d’une PME. Il se définit lui-même comme quelqu’un de soigné. Depuis son enfance, il aime vivre dans un environnement ordonné, harmonieux. Il ne supporte pas quand son fils laisse traîner des jouets ou que son collaborateur ne lui remette pas le rapport parfait qu’il attendait sur le fond et sur la forme. / Aïcha est wedding planner. Elle travaille dur, elle passe des heures à vérifier les moindres détails des mariages qu’elle organise. Elle pense que son perfectionnisme a construit sa réputation et sa réussite professionnelle, et elle applique les mêmes principes dans sa vie personnelle. Elle ne laisse rien au hasard, elle contrôle tout. De sa vie de famille à la décoration de sa maison en passant par son alimentation et celle de son entourage. Car, pour la citer, quand elle laisse les rênes aux autres, des oublis et des erreurs se produisent, les choses sont mal faites. Et ça l’énerve.
Que vous dites-vous à propos de Léonard et d'Aïcha ?
Vous relevez peut-être qu’ils ont en commun une certaine réussite sociale, une envie de faire parfaitement les choses, un besoin de contrôle. Peut-être que vous les admirez ou qu’au contraire, vous les trouvez excessifs. Peut-être que vous vous trouvez des points communs avec eux ou que vous rejetez complètement l’image qu’ils vous renvoient.
Quoi que ces descriptions aient suscités comme réactions et émotions en vous, il est intéressant d’aller vous interroger sur vos représentations du perfectionnisme.
Qu'est-ce qu'une personne perfectionniste selon vous ?
Qu’est-ce qui la distingue, la définit ? Pensez-vous l’être ? Qu’est-ce que vos proches en pensent ?
Même si le perfectionnisme peut être débusqué un peu partout selon moi, tout le monde n’est pas perfectionniste, en tout cas pas dans les mêmes situations et pas au même niveau d’intensité. Les perfectionnistes ne se reconnaissent pas dans la rue, en raison de leur look, de leur manière de marcher ou de s’exprimer
Le perfectionnisme prend différents aspects.
D’abord, la perfection est une construction mentale subjective : ce qui est parfait pour vous ne l’est pas forcément pour les autres.
D’ailleurs, qu’est-ce qui est parfait et qu’est ce qui ne l’est pas pour vous ?
Ensuite, il existe plusieurs niveaux de perfectionnisme : de la personne simplement consciencieuse à celle qui souffre d’un perfectionnisme maladif/ pathologique, du perfectionniste occasionnel à celui qui l’est en permanence, pour tout.
Être perfectionniste n’a rien à avoir avec l’âge, une catégorie socio-professionnelle, avec le fait d’être parent au foyer ou d’être parent tout court.
Alors à quoi reconnaît-on justement qu'on est perfectionniste ?
On octroie souvent aux perfectionnistes des qualités d’investissement, une capacité de travail, une rigueur, un sens du détail. C’est vrai.
Pourtant, toutes les personnes décrites comme travailleuses, rigoureuses ou ayant le souci du détail ne sont pas forcément perfectionnistes.
Les perfectionnistes ont d’autres caractéristiques moins visibles d’un point de vue extérieur.
- Ils ont d’abord en commun de ne pas accepter leurs limites et leurs imperfections.
- Ils sont très ancrés, consciemment ou non, dans la critique. Soit dans l’autocritique : ils se répètent par exemple, des discours intérieurs, comme ‘’j’aurais pu ou j’aurais dû mieux faire’’, ‘’je suis complètement nul’’. Soit dans la critique tournée vers l’extérieur : ‘’les autres sont incompétents, imparfaits, je ne peux pas compter sur eux, etc.’’.
- Les perfectionnistes sont également davantage sensibles aux résultats, les leurs ou ceux des autres. Ils ont tendance à vouloir tout réussir, et du premier coup pour ne surtout pas échouer, décevoir ou montrer leur incompétence.
- Ils peuvent prendre l’habitude de dramatiser les situations qu’ils vivent, de s’autoflageller, à la moindre petite erreur qu’ils considèrent comme l’échec de leur vie. En ce sens, ils éprouvent d’importantes difficultés à se réjouir, à célébrer leurs progrès et leurs réussites.
- Ils consacrent leur énergie à des détails que la plupart du temps ils sont les seuls à voir. Ils multiplient les vérifications. Ils ne savent pas doser leurs efforts, ils se surinvestissent dans des tâches peu importantes au détriment d’autres tâches plus urgentes et/ou prioritaires. Il faut dire que pour eux les détails comptent autant, si ce n’est plus, que l’ensemble.
- Ils ont une vision de la vie assez binaire, extrême : tout est noir ou blanc, réussite ou échec. Ils manquent de joie, de plaisir, de satisfaction dans leurs vies. Ils apparaissent comme des personnes contrôlantes, rigides, fermées, inflexibles. En parlant de flexibilité, des études scientifiques montrent que les perfectionnistes manquent également de flexibilité cognitive lorsqu’ils sont freinés dans la réalisation de leurs objectifs. Si vous n’avez jamais entendu parler de flexibilité cognitive, il s’agit de notre capacité à passer d’une tâche cognitive à une autre, d’un comportement à autre, c’est-à-dire à adapter nos conduites et nos pensées à des situations nouvelles ou changeantes
- Au plan émotionnel, et de manière générale, les perfectionnistes sont anxieux, ils supportent mal la critique et ressentent de la honte à se tromper, ils ont beaucoup de mal à déléguer, à demander de l’aide, à lâcher-prise, à se reposer, et quand ils le font, ils se forcent. Ils peuvent avoir l’impression de perdre leur temps et se culpabiliser. Ils sont sur le qui-vive en permanence. A priori, cela ne facilite pas leurs relations sociales.
Avant de conclure cet épisode, je vous invite donc à noter les mots clés qui vous ont interpellé dans mes propos et à écrire à côté de chacun de ces mots sur une échelle de 1 à 3 si vous vous reconnaissez dans ces comportements. 1 étant vous vous ne reconnaissez pas, 2 moyennement, 3 fortement. Puis d’écrire pour chacun de ces comportements ce que cela entraîne comme conséquences dans vos vies.
Pour résumer cet épisode, vous l’avez compris, les perfectionnistes se caractérisent particulièrement par leur volonté de réaliser les choses parfaitement, leur besoin de maîtriser leur environnement, leur peur d’échouer et leur état d’épuisement.
Pour équilibrer cet état de fatigue et de stress dû à un perfectionnisme exacerbé, je n’ai qu’un conseil, valable pour tout le monde : mettre ou remettre de la joie dans nos vies !
Alors là tout de suite, qu’est-ce qui vous mettrait en joie ? Moi, un bon fou rire. Ça tombe bien c’est bon pour la santé !
Dans le prochain épisode, je vous propose de décoder l’état émotionnel des parents perfectionnistes.