Le perfectionnisme, un frein aux projets entrepreneuriaux

Le perfectionnisme, un frein aux projets entrepreneuriaux

Cet article est la retranscription de l’épisode 8 du Podcast « Parfaitement imparfaits ».

INTRODUCTION

Ces dernières années en France, le nombre de créations d’entreprises individuelles, et en particulier le micro-entrepreneuriat, a atteint de nouveaux records. Dans un contexte où les salariés dénoncent de plus en plus leurs conditions de travail et manquent de sens au travail, l’entrepreneuriat peut apparaître pour certains comme une véritable bouffée d’oxygène et de liberté.

Mais, qu’en est-il vraiment pour les perfectionnistes qui décident de se mettre à leur compte ?

L’ENFERMEMENT DES ENTREPRENEURS PERFECTIONNISTES DANS UN CERCLE VICIEUX

Se lancer dans l’entrepreneuriat sous-entend une certaine responsabilité et une certaine pression en termes d’investissement financier, de réussite sociale et de regard des autres. Cela nécessite d’identifier un marché, d’investir du temps et de l’argent et de répondre à des contraintes personnelles. 

Et nombre d’entrepreneurs, qui ne font pas le choix de se faire accompagner, abandonnent au bout de quelques mois ou quelques années le projet de reconversion professionnelle ou de création d’entreprise qui les faisaient vibrer. Les principales raisons d’un abandon sont liées à un manque de financement, la solitude, le manque de soutien et la peur d’échouer. J’y ajouterai évidemment le perfectionnisme.

En entrepreneuriat, le perfectionnisme peut véritablement être contreproductif !

1. Tourner en boucle

Pour certains de mes clients, entreprendre prend les allures d’un cercle vicieux.

Pour ceux qui osent se lancer, ils commencent, ils consacrent leur énergie à exécuter, vérifier et modifier des micro-tâches et des détails. Ils produisent des résultats qu’ils trouvent décevants, qui ne correspondent pas à leur haut niveau d’exigence. Ils sont déçus ou ont honte du rendu, à la fois sur le fond ou la forme. Leur insatisfaction les pousse à se dénigrer, à travailler toujours plus, ou à l’inverse à remettre en question l’ensemble du projet et à tout abandonner, car ils préfèrent ne pas faire plutôt que mal faire.

Les burnout chez les entrepreneurs sont de plus en plus fréquents chez les personnes qui veulent parfaitement tout réussir tout de suite.

2. Ne pas prendre soin de sa santé mentale

Êtes-vous ou connaissez-vous un entrepreneur qui commence et ne termine pas de nombreux projets ? Qui vérifie, modifie et réédite, sans arrêt, son travail ? Qui s’autocritique souvent pour de petites erreurs ?

Ne vivez pas l’erreur comme une honte, il est normal d’en faire, encore plus lorsqu’on est chef d’entreprise ! Vous avez le droit de parfois envoyer un mail avec une faute d’orthographe ou de prendre du temps pour vous. S’octroyer des temps sans travailler est même d’ailleurs indispensable pour la survie des entrepreneurs.

Si vous êtes exténué, vous pouvez justement multiplier les erreurs, perdre votre motivation et abandonner votre projet. C’est pourquoi je vous invite à faire des pauses. Profitez-en pour voir vos amis, parler d’autre chose que de votre projet, vous amuser, vous réjouir de vos progrès et de vos réussites, célébrer vos contrats et vos clients, même les plus petits.

3. Se mettre la pression avec des to do list

Si cela ne suffit pas, remplacez vos interminables « to do list » par une done list, une « to me list », ou les deux. 

Une « done list » est une liste des choses que vous avez effectuées. Cela permet de vous focaliser en conscience sur ce que vous avez réalisé, et non de projeter votre frustration sur ce qu’il vous reste à faire. Notez absolument tout ce que vous avez fait dans votre journée, vous constaterez que la plupart du temps, vous avez plus de choses que ce que vous pensiez. 

Une « to me list » est une liste de ce que vous allez faire rien que pour vous aujourd’hui. Ce peut être du sport, une sieste, une pédicure, boire un café avec des collègues. Tout ce qui vous fait du bien à vous. La « to me list » peut clairement être contre-intuitive pour les entrepreneurs qui sont souvent très travailleurs et pressés d’obtenir des résultats, Mais préserver sa santé va faire une différence fondamentale en termes de créativité et de productivité.

LES problèmeS DE PRODUCTIVITÉ DES ENTREPRENEURS PERFECTIONNISTES

Et puisque nous parlons productivité, j’aimerais vous partager cinq comportements et croyances qui empêchent les entrepreneurs perfectionnistes d’être productifs et de développer leur entreprise.

1. Enchaîner les formations professionnelles

Le premier est d’enchaîner les formations professionnelles. Se former régulièrement, faire évoluer sa pratique, se remettre en question est évidemment fondamental, quel que soit le métier que nous exerçons. Je fais partie de ces personnes qui considèrent que « le meilleur investissement que nous puissions faire est d’investir en nous-mêmes ». 

Cependant, j’ai pu constater à de très nombreuses reprises que se former en permanence ne fait que renforcer le syndrome d’imposteur et les difficultés à attirer des clients. Et puis, à quoi servent une accumulation de connaissances sans mise en pratique et sans appropriation de techniques ou d’outils ? Plus tôt vous vous lancez, plus vous accumulez expérience et compétences. Vous pouvez également vous rassurer en faisant un vrai point de vos compétences et de celles qui sont utilisables dans votre projet d’entreprise.  

2. Surtravailler son branding

Le deuxième est de peaufiner votre branding à outrance. Vos clients peuvent être attirés par un beau branding mais si vous repoussez sans cesse la sortie de votre produit ou service en attendant qu’il soit parfait, ils iront voir vos concurrents et votre produit ou service pourra devenir obsolète avant même sa sortie. 

Avoir le logo parfait, la charte graphique parfaite, la carte de visite parfaite, le site Internet parfait est une hérésie. Parlez au contraire de vos offres dès le début de votre projet, confrontez-les à votre marché, soumettez-les à vos prospects. Leur feedback est un très beau cadeau pour orienter votre communication et votre positionnement, tout en répondant à leurs besoins. C’est d’ailleurs le processus utilisé par les entreprises high-tech qui s’évertuent d’abord à créer un produit minimum viable, c’est-à-dire un prototype proche du produit final pour pouvoir être testé sur un échantillon de prospects.

3. Ne pas déléguer

Un deuxième comportement d’entrepreneur qui peut être bloquant est le fait de ne pas déléguer. Vous vous dites peut-être que vous devez tout faire par vous-même, que vous êtes le seul compétent, que vous perdrez de l’argent ou du temps à déléguer une tâche à quelqu’un qui ne produira pas le résultat parfait que vous attendez. 

C’est faux ! Quelle tâche ou activité auriez-vous envie de déléguer ?

4. Travailler toujours plus

La quatrième croyance est d’associer la productivité au fait d’accomplir plus de choses. Être productif est savoir prioriser et accomplir des objectifs SMARTER à court et long terme, c’est-à-dire spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes, temporels, évaluables et révisables, qui vous encourage à poursuivre

L’entrepreneuriat n’est pas un sprint, plutôt un marathon ! Alors, demandez-vous, sur une échelle de 1 à 10, si vos normes actuelles sont flexibles et réalistes, et ajustez-les en fonction de la note que vous vous êtes attribué. 

Puis, essayez d’appliquer la loi de Pareto dans vos prises de décision. Aussi appelée règle des 80/20, elle permet de déterminer les priorités d’une entreprise et d’optimiser sa gestion du temps. 80 % des résultats proviennent de 20 % des causes. Arrêtez de sur-délivrer. Privilégiez les décisions qui vous permettent d’obtenir le plus de résultats en moins de temps, celles qui satisfont vos clients et vous mettent en joie.

5. Accepter toute nouvelle proposition

Le cinquième comportement est le fait de dire systématiquement oui à de nouveaux projets sans finir le sien avant. Il s’agit d’une stratégie inconsciente d’évitement qui donne l’illusion du mouvement mais qui s’apparente à la procrastination. Vous vous racontez que vous risquez de froisser votre ami ou perdre votre client si vous n’acceptez pas sa demande, vous êtes convaincu que le nouveau projet qu’on vous propose vous ouvrira d’autres portes, etc. Le seul résultat que vous obtiendrez est de vous éparpiller un peu plus et, encore une fois, de vous épuiser et de diminuer votre niveau d’estime et de confiance en vous.

Apprenez donc à dire non et lorsque vous prenez une décision, tenez-vous-y. Vous développerez votre assertivité et vous atteindrez plus rapidement vos objectifs professionnels.

Si vous hésitez à dire oui ou non, clarifiez votre projet initial, demandez-vous si le nouveau projet sert la vision de votre projet initial, et s’il est aligné à vos valeurs. Si la réponse est non, déclinez poliment la proposition. Plus vous suivrez votre ligne directrice, sans ajout toutes les semaines, plus vous irez au bout de votre projet !

cONCLUSION

Être entrepreneur, même lorsque l’on a choisi le micro-entreprenariat, c’est entrer dans un processus d’amélioration continue, non de perfectionnisme.

Pour résumer cet épisode, voici les trois points clés à retenir pour ne pas être freiné par votre perfectionnisme dans l’aventure entrepreneuriale : 1) engagez-vous tout en prenant soin de votre énergie, 2) célébrez, 3) et surtout, lancez-vous et finissez ce que vous avez commencé ! Terminé est mieux que parfait !

Dans le prochain épisode, nous parlerons perfectionnisme et salariat.

Si vous souhaitez vous faire accompagner dans la création de votre projet professionnel, n’hésitez pas à rejoindre mon coaching individuel « High Vibe Project ».